Rencontre avec

Carol Phillips, la création
et l’histoire de Clinique

L’histoire de Clinique n’est pas seulement l’histoire des parfums, des soins, des fonds de teint ou des produits Clinique. C’est avant tout l’histoire d’une révolution dans l’industrie de la beauté. La preuve.

"Carol a dit oui"

Quatre mots tout simples qui représentent le début d'une révolution dans l’histoire de la beauté.
Quatre mots qui sont toujours aussi révolutionnaires aujourd’hui que lorsqu’ils ont été reçus en 1967.

"Lorsque j’ai lu ce télégramme, j’étais à Paris", se souvient Leonard Lauder.
Revenons encore quelques temps en arrière : à l’époque, Leonard était à New York. Une idée lui trottait dans la tête. Portant alors la double casquette de directeur exécutif et de fils d’Estée Lauder ("Au bureau c'était Madame Lauder et à la maison, Maman"), il attendait avec beaucoup d'inquiétude la réponse d'une autre femme : la réponse de celle qu’il savait capable d’emmener l'entreprise Estée Lauder dans une autre direction.

Les prémices
Saviez-vous que la création de Clinique était à l’origine l’idée d'une rédactrice de Vogue ? A cette époque, Carol Phillips était en effet une figure incontournable du milieu de la presse New-Yorkaise. C'était une rédactrice beauté qui exprimait son opinion sans langue de bois, et était persuadée que l'industrie de la cosmétique avait mieux à offrir que ces crèmes et ces fonds de teint tous types de peaux qui remplissaient alors les rayons des grandes surfaces.

Des recherches ont mené Carol Phillips au Dr. Norman Orentreich, un dermatologue New-Yorkais pionnier des soins du visage en 3 étapes. Nettoyer, exfolier et hydrater : tout-à-fait normal de nos jours mais tellement novateur à l'époque. Pour le Dr. Orentreich, suivre cette routine deux fois par jour, selon son type de peau, garantissait des résultats épatants. Cette promesse, c’était une véritable révolution dans la beauté.

"Se créer une belle peau, c'est possible"

Pour faire découvrir au monde de la beauté cette idée révolutionnaire en laquelle elle croyait, Phillips a rédigé un article devenu depuis légendaire. Publié le 15 août 1967, cet article titrait : "Est-il possible de se créer une belle peau ?". Le Dr Orentreich y répondait à une série de questions sur la beauté comme "Comment bien se nettoyer la peau ?" ou encore "Y a-t-il un lien entre l'activité sexuelle et la qualité de la peau ?" (au cas où la réponse à cette dernière question vous intéresserait, le Docteur affirmait alors "avoir traité beaucoup de nonnes et que leur peau n'était pas plus belle que celle des femmes mariées").

Le dossier d'enquête mêle savoir, humour et innovation, introduisant ce fameux principe du soin en 3 étapes qui a tant secoué l'univers de la beauté. Les bureaux d’Estée Lauder sur la Cinquième Avenue à New York n’y ont d’ailleurs pas échappé !
A cette époque, Leonard Lauder était plus qu’enthousiaste à l'idée d'étendre la marque éponyme de sa mère pour créer une entreprise multi-marques. Il rêvait de se lancer dans une nouvelle aventure plus moderne et inventive ; une aventure qui attirerait de jeunes consommateurs de plus en plus exigeants et curieux. Carol Phillips s’adressait pile à cette audience.

Quand M. Lauder a présenté Carol Phillips à sa mère, ça a tout de suite fonctionné : elles avaient toutes les deux le même fort caractère. Estée Lauder a trouvé cette nouvelle vision des soins beauté audacieuse, rafraîchissante et surtout différente : de quoi donner aux femmes des infos claires, sans détour et efficaces sur leur peau et leur beauté.

Pour finaliser le partenariat, M. Lauder demanda au Directeur Commercial d’Estée Lauder de l'époque, Bob Nielsen, d'aller déjeuner avec Carol Phillips. Il n'était pas certain que Carol Phillips le suivrait. Après tout elle était rédactrice chez Vogue, magazine glamour par excellence, et elle avait à ce titre déjà beaucoup d'influence. Avait-elle vraiment besoin de créer une marque de produits de beauté ? "J'ai simplement dit à Bob que je refusais qu'elle refuse !", se souvient Leonard Lauder.

À une époque où les mails, les appels internationaux et les fax n'existaient pas encore, Bob Nielsen dû utiliser un câblogramme, le moyen de communication longue distance le plus utilisé dans les années 60. C'est par ce biais que M. Lauder a reçu la bonne nouvelle en quelques mots : "Carol a dit oui".

Le lancement
Un an après, en septembre 1968, Clinique est lancée à New York dans le célèbre magasin de luxe Saks Fifth Avenue. C’est Evelyn Lauder, la femme de Leonard, qui a trouvé le nom "Clinique" en rentrant d’un voyage à Paris. En se baladant dans les rues de la capitale française, elle a remarqué les nombreuses devantures où elle pouvait lire "clinique esthétique". C’est dans ces boutiques que les Parisiennes venaient s’offrir des soins esthétiques du visage. Evelyn Lauder a beaucoup accroché avec le mot “clinique", un mot qui suggérait une approche à la fois nouvelle et médicale des soins de la peau. Le tout … mêlé au chic français.
La nouvelle marque choisit un packaging élégant, d’une couleur connue pour ses vertus apaisantes : le vert céladon.

La science
L'aspect le plus important de cette nouvelle marque, c’était surtout la contribution du Dr Orentreich. Carol Phillips l'a convaincu de la rejoindre dans sa nouvelle aventure, afin qu’il puisse apporter sa pensée visionnaire et ses formules dermatologiques à Clinique. Le résultat ? Dès son lancement, Clinique est reconnue comme la première marque de beauté prestigieuse développée par un dermatologue.

L’innovation
Un nouveau standard fut établi dans les rayons cosmétiques. Les conseillers de vente Clinique portaient des blouses blanches, et l’Ordinateur de Beauté était capable de déterminer le type de peau de chaque femme pour lui apporter le soin adapté.
C'était la toute première fois que les femmes pouvaient profiter d’un traitement clair, sur-mesure, scientifique et surtout disponible en grands magasins.

Le grand saut
Clinique a été lancée avec non pas 1, ni 2, mais bien 117 soins visage et produits cosmétiques ! En première ligne, on retrouve bien sûr le soin dermatologique en 3 temps. C’est lui, le produit vedette. Cette révolution cosmétique décompose la routine beauté en 3 étapes (et 3 produits) : un savon pour nettoyer le visage, une lotion clarifiante pour exfolier les peaux mortes et une crème hydratante pour restaurer l'équilibre de la peau.

Les rebelles
Depuis le début, la dynamique du partenariat entre Carol Phillips et Estée Lauder influait sur chaque décision de la marque. Leonard et Estée ont ainsi toujours souhaité que les produits Clinique soient soumis à des tests d’allergie et sans parfum, contrairement à ceux de la marque Estée Lauder. "C’était un sujet très tendu, mais c'est aussi ce qui faisait de ma mère et de Carol d'excellentes partenaires", explique M. Lauder. "Je revois ma mère en train de mettre des coups de poing sur la table en disant : "Non, Carol, non, non, non ! Je veux que tous nos produits soient sans parfum, et il faut le mettre en avant dans les publicités." Estée savait que sa propre marque contenait déjà énormément de produits parfumés, c'est pourquoi elle voulait faire les choses différemment avec Clinique. Tout comme Carol, elle connaissait les préoccupations et les besoins des femmes.

Le soin dermatologique en 3 étapes (dont le côté soumis à des tests d’allergie et sans parfum était bien mis en avant) disposait d’une campagne publicitaire aussi rebelle que ses créatrices, notamment grâce au photographe Irving Penn, dont les clichés sont devenus iconiques. Dans une de ces publicités, une brosse à dents blanche était placée à l'intérieur d'un verre, en face de 3 produits Clinique. Ces 3 produits mettaient en scène la fameuse routine Clinique (nettoyer, exfolier et hydrater) et étaient associés au slogan : "Deux fois par jour." Le message était clair, osé et très simple. Il allait droit au but : s'engager à utiliser le soin en 3 étapes aussi souvent que l'on se brosse les dents, c’était s'assurer d'obtenir une peau parfaite. Cette publicité a été diffusée pendant une vingtaine d'années, non seulement parce qu'elle était devenue mythique, mais aussi parce que sa simplicité l’avait rendue complètement intemporelle.

L'héritage
Presque 50 ans plus tard, la chose qui est sans doute la plus épatante lorsque l’on parle de Clinique, c'est l'empreinte que Carol Phillips a laissée. Sa philosophie anime toujours la marque, même après son décès en 2006. Et fait avéré : le soin dermatologique en 3 étapes reste ce qui fait réellement l’ADN de la marque Clinique, même si de nombreux produits ont vu le jour par la suite.

"Carol avait le génie des mots", note M. Lauder, aujourd'hui Président Emérite du groupe Estée Lauder. "C'est elle qui a eu l'idée de l’Emulsion Hydratante Tellement Différente +, et de l'Hydratant Rénovateur Nuit Turnaround. Ces noms sont toujours présents aujourd'hui. Ces produits marchent parce que Carol comprenait les femmes et leurs besoins. C'est pourquoi Estée Lauder et elle étaient de très bonnes amies et d’excellentes partenaires. Ensemble, elles étaient le cœur et l'âme de Clinique."
L'impact de Clinique reste de nos jours indéniable : "Nous avons changé le monde" conclut Leonard.

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